À qui appartiennent les pigeons ?
( Joueur de billes est-il plus grand que le parti politique ? )

Frédérique Lagny
2012 - 39 min - Vidéo HD - Couleur - France

Troisième volet d’une série d’essais réalisés au Burkina Faso, À qui appartiennent les pigeons ? s’oriente résolument vers une création vidéo inspirée de L’histoire du fou, un roman de Mongo Beti. Comment, au Burkina Faso en Afrique de l’Ouest, se construire une identité culturelle marquée par le fait colonial et qui s’ancre dans les problématiques des développements post-coloniaux ? 
À travers deux personnages et sous l’angle de la performance filmée, le film tend au spectateur le miroir d’un portrait croisé. En puisant son inspiration dans la littérature de Mongo Beti et de Sony Labou Tansi, l’écriture filmique se revendique circulaire et répétitive et use du stratagème d’un théâtre sans théâtre pour obliger le regard. 
Deux facettes d’un même personnage, un conteur et un dormeur filmés alternativement dans leurs contextes respectifs. 
Le conteur, Gaoussou Ouattara, nous délivre sa connaissance du monde sous forme d’une série de poèmes numérotés de 1 A à 101 A. Ses poèmes, à l’instar de ses dessins répertoriés dans ses cahiers d’écolier, nous décrivent le fonctionnement du monde. Un simple croquis est susceptible d’expliquer l’ensemble des faits qui gouvernent notre vie : un évènement de la vie quotidienne, un trajet, la construction d’un bâtiment… Le nouveau testament et le français lui servent de support pour illustrer son histoire personnelle, l’anglais lui permet, a contrario, de décrire des situations fictionnelles comme celles de personnages allant au cinéma, en déplacement pour un shopping à Ouagadougou ou encore dans un bus vers Abidjan.
Ces poèmes ne sont pas retranscrits, ils sont stockés dans sa mémoire et répétés à haute voix. Dans ses cahiers, des notes, des dessins, des listes de noms et de numéros entretiennent cette mémoire. 
Ailleurs, le dormeur, Boukary Kaboré, survit dans son intérieur exposé au-dehors ; un amas de sacs plastiques emplis de papiers et d’objets glanés dans la ville au jour le jour constituent les murs de cet intérieur. Nous filmons les tressaillements de son sommeil et les instants de son réveil. En contrepoint à la poétique du conteur, sa tentative de tri et de classement précise l’intention commune qui les relie : mettre de l’ordre dans le chaos du monde.


Distribution


Distributeur : Frédérique Lagny
Disponible au Club du doc