Nondichao, le fils de Pierre Verger
Arnaud Akoha
2021 - 52 min - Film digital disk & HDCam - Couleur - Bénin

En 1955, le chemin de Nondichao croise celui de Pierre Verger. Ce fut le début d'une rencontre de transmission et de renaissance, où le vieux photographe et ethnologue français initia le jeune béninois au Vaudou et à la photographie.
Sur un récit personnel, Nondichao, aujourd'hui octogénaire, reste nostalgique de ces époques coloniales florissantes pour les recherches anthropologiques et sociologiques, dont sa ville d'Abomey abritait les premiers laboratoires. Des études qui loin de tout critiques évoquant de la condescendance ou de l’exotisme, fournissent aujourd’hui à nous autres descendants de ces populations, des données précieuses dans la compréhension et la réécriture d’une histoire dont les supports sont inexistants pour certains, dispersés aux quatre coins du monde pour d’autres et sujets d’oubli ou d’abandon à une autodestruction progressive pour ce qui est du cas des photographies par exemple.
Portrait de deux personnages dont l'un se trouve dans l'ombre de l'autre à l'écran, ce film, par son montage, privilégie une esthétique aux nombreuses images d'archives jusque-là invisibles du grand public et aux illustrations artistiques prévues dans la narration du film. Le spectateur verra pour une première fois les symboles fondamentaux du panthéon Vaudou. Une fenêtre est ouverte pour la première fois aux récades (sceptres des rois du royaume de Dahomey) sur le grand écran.
Avec les photographies de type "Pierre Verger", nous sommes dans une sorte de retrouvaille de fil conducteur à même de favoriser l’établissement de liens unissant des générations d’humains à des pratiques sociales, des rituels, des cultes, des objets d’art, des divinités, des paroles et des politiques de monarques. Les commentaires permettent d'éviter au film la linéarité du récit de Nondichao, en s'autorisant une arborescence propre au fil conducteur né du dispositif de caméra à l'épaule adopté durant le tournage.
Le dispositif filmique conduit le spectateur à une recherche de compréhension de ce qu'a été le travail des photographes européens en période coloniale sur les populations africaines du point de vue ethnographique et l'anthropologique. Un choix qui évite toute idée de condescendance inhérente à ce type de sujet afin d'aider le spectateur à adopter une posture de scientifique, de quête d'identité.