La Violence n'est pas une spécialité
Hervé Nisic
2021 - 12 min - Vidéo Full HD - Couleur - France

Le 23 avril 2016, une nuit de Nuit Debout sur la place de la République à Paris. Les assemblées générales quotidiennes accueillent par tranches de deux minutes les interventions de qui veut s'inscrire. La parole est libre, les sujets se succèdent. La question de la légitimité de la violence des manifestants face celle des forces de l'ordre est un des sujets évoqués ce soir-là.
Un peu plus tard dans la nuit, dans la semi obscurité de la tente de la Radio Debout installée sur la place non loin du lieu des assemblées, la philosophe Marie José Mondzain est invitée à intervenir sur cette même question. Rapprocher ces deux moments quelques années plus tard, c'est redonner à entendre la permanence de ce questionnement qui traverse la société française.
En septembre 2021 à l'occasion des journées Résister/Reprendre, les chantiers de Marie José Mondzain organisés au théâtre de la Commune à Aubervilliers je propose ce diptyque. Cinq années séparent le tournage de la Nuit debout du montage de ce rapprochement. Cinq années où la question de la violence traverse des couches de plus en plus nombreuses de la société française. Son déploiement reste un enjeu majeur aussi bien du point de vue de l'Etat que de celui des citoyens, les morts de Rémi Fraisse Steve Caniço et Cédric Chouviat, la répression des manifestants des Gilets jaunes ont renforcé le questionnement sur sa légitimité.
Passage du temps sur la trace d'une nuit d'avril 2016 comme aurait peut-être pu écrire Guy Debord, ou exercice de reformulation du passé, le rapprochement au cœur de "La violence n'est pas une spécialité" est aussi une figure d'élucidation qui permet le retour sur une pratique de cinéma de l'instant pour en renouveler la problématique. Car quand tous les moments de la vie publique ou privée sont pris sous les capteurs électroniques omniprésents et sont potentiellement lancés dans le grand maelström du réseau mondial, je m'obstine à me porter témoin avec une caméra des manifestations du monde qui me touchent. (Hervé Nisic)