
Ivan Le Goff
2021 - 56 min - Vidéo HD - Couleur - France
""L'Étreinte" est une histoire d’amour. Et le choix de réaliser ce documentaire sur ma propre famille, sur notre propre drame, est un acte d’amour", dit le réalisateur Ivan Le Goff. D’où vient-il donc ce film d’amour si intime, à la sincérité sans pathos ? "Rupture" est le mot-clé qui en ouvre le sens. Rupture comme la rupture d’anévrisme dont a été victime Alexandre, le frère d’Ivan le Goff, il y a une dizaine d’années. Il vit depuis sur un lit d’hôpital dans un état pauci-relationnel. Ce qui, traduit du langage médical, signifie qu’il est impossible de déterminer son degré de conscience.
Cette rupture initiale en a causé une autre : celle de la cellule familiale. Chacun des membres de la famille - le père, la mère, les trois autres frères : Laurent, David et Ivan lui-même - prenant au fil du temps une distance silencieuse avec les autres. Chacun semblant se refermer sur ses certitudes (ou plus sûrement sur ses incertitudes inconsolables), considérant qu’aucun autre - fût-il un proche - ne pouvait comprendre son propre point de vue. Au point que le cas d’Alexandre, au fil du temps, s’est figé dans une sorte de bloc de non-dits opaque et compact.
Rupture enfin du silence. Voulue par Ivan Le Goff lui-même, qui décide après dix ans de prendre sa caméra et d’aller interroger chacun des membres de ce cercle familial. Ce film est né de cette impulsion, de ce refus du statu quo. Ivan en est à la fois le réalisateur, l’un des protagonistes et le guide.
"Mon frère Alexandre - qu’il soit comme un légume ou comme un pierre - nous a emmurés, dit encore Ivan le Goff. Chacun a réagi selon son caractère. Mon père, trop bourru, s’est enfermé dans la colère. Ma mère, jusqu’à la dévotion, a dédié littéralement sa vie à Alexandre, lui rendant visite chaque jour, persuadée qu’un jour il lui reparlera. Mon frère David, passionné de sport, s’est jeté dans un mouvement perpétuel, courant partout, sans cesse, comme pour fuir. Mon autre frère, Laurent, s’est replié sur son bateau, sa passion, et sur son cocon familial, se promettant d’entreprendre un grand tour du monde toujours différé. Mon père vit à Octon dans l’Hérault, ma mère en Normandie, tout près d’Alexandre, David est à Bordeaux, Laurent à la Grande Motte..."
Ce film ramasse les bris de cette famille éclatée. De la chambre d’hôpital d’Alexandre (dont nous ne verrons jamais le visage) à l’atelier-garage où le père peint et fume, du sentier forestier où David s’épuise en longs footings au pont du voilier qu’astique consciencieusement Laurent, en passant par l’église où la mère se réfugie parfois, Ivan Le Goff part à la rencontre de chacun des siens.
Avec la délicatesse ou la brutalité de ses questions sans détours, il les met face au cas Alexandre : qu’avez-vous ressenti à l’annonce de la nouvelle ? Croyez-vous qu’Alexandre soit conscient ? À quoi bon continuer à aller le voir ? Et peu à peu la parole se libère...
Chacun est comme une âme blessée, naufragée sur son île, mais leurs mots, leurs gestes témoignent d’une douleur et d’une pudeur commune. L’intimité ici n’a rien à voir l’indécence. Ivan filme ses proches chez eux, dans leurs gestes quotidiens - courir, peindre, naviguer, tricoter... - leur fait oublier la caméra et obtient des réponses immédiates, instinctives, non préparées.
Pourquoi une mère passe-t-elle toutes ses journées auprès de son fils tentant - avec de simples jouets pour bébé - de provoquer des réactions ? Pourquoi un père refuse-t-il d’aller voir son fils à l’hôpital ? De quoi cha
Auteur-Réalisateur : Ivan Le Goff
Image : Ivan Le Goff
Son : Arnaud Calvar
Montage : Raphaëlle Martin-Holger, Isaac Azoulay
Musique originale : Rémi Boubal
Producteur délégué : Keren Production
Participation : CNC. COSIP