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Les États généraux du film documentaire 2018 Journée Sacem

Journée Sacem


Pour la trentième édition des États généraux du film documentaire, la Sacem renouvelle avec plaisir son soutien à un festival qui a forgé sa réputation sur une programmation originale et exigeante. Le festival de Lussas est une référence dans le monde du documentaire, grâce à son engagement et son investissement sans faille dans la création et aux pistes de réflexion qu’il propose.
Cette année encore, la Sacem y participe avec sa « carte blanche » durant une journée entière, afin de mettre la musique à l’image à l’honneur en présentant les « grands films musicaux » à travers plusieurs séances, à l’issue desquelles vous pourrez découvrir le documentaire musical primé, suivi d’un débat.
Et puisque trente ans de festival, ce n’est pas rien, la Sacem a décidé de mettre cette année en lumière non pas un couple réalisateur-compositeur, mais La Huit Production. Cette société de production s’attache à présenter, toujours avec un regard novateur, les cultures, l’histoire, l’art et la musique !
La carte blanche Sacem démarrera avec un programme très rock, composé de Entrée de secours de Jérôme de Missolz, Dégénération punk de Claude Santiago et Violent Days de Lucile Chaufour. Puis la journée se fera plus éclectique et internationale avec On Animal Locomotion de Johan van der Keuken, autour de six compositeurs néerlandais inspirant six cinéastes ; Contes de Symphonie déchirée de Jacqueline Caux, s’appuyant sur l’œuvre du compositeur Luc Ferrari ; The Reluctant Movie Star de Taylor Hackford, le making of de Hail ! Hail ! Rock’n’roll, qui revient notamment sur la carrière de Chuck Berry ; et Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi de Marc et Éric Hurtado, qui retrace le mythe de la création de la musique au Maroc.
À l’issue de cette journée « carte blanche », les deux prix Sacem seront décernés par le compositeur Laurent Ferlet à Laurent Benhamou et Valentin Langlois pour Ahi Na’Ma, documentaire sur la tradition et la création musicale de Cuba et de la Réunion, inscrites au Patrimoine immatériel de l’humanité. Et une mention spéciale à Nicolas Levy-Beff pour Dieu, Diable et Rock’n’roll, qui analyse les liens parfois conflictuels, parfois intimes, qui existent entre rock et religion.
L’édition 2018 des États généraux du film documentaire de Lussas sera donc placée sous le signe du voyage, autour d’esthétiques et de rythmes divers, autour des sentiments et du mouvement, des échanges et de la poésie.

Jean-Marie Moreau
Président de la Sacem,
auteur-compositeur


Célébrations

Les sept films présentés dans cette « Journée Sacem » ont ceci de commun que la musique qu’ils documentent s’y exprime de manière intempestive, débridée, tant et si bien qu’elle prend une place excessive en chacun d’eux. Pour laisser la musique vivre, les réalisateurs ont dû imaginer de nouvelles formes qui questionnent le genre du « documentaire musical » lui-même.
Pour commencer, ces films célèbrent la musique, croient en sa puissance, en sa capacité à changer l’ordre des choses, qu’il soit social, esthétique ou sacré. Le rock’n’roll, qu’il soit de Saint-Louis (Mississippi) ou du Havre (Normandie), le punk à Paris ou à Londres, les rites des maîtres musiciens de Jajouka, le jazz libertaire de Willem Breuker, les œuvres mixtes politiques de Luc Ferrari, sont toutes des musiques qui manifestent excessivement, exagérément, un désir d’exister envers et contre tout. En ce sens, elles sont aussi le cri de la nécessité créatrice de l’homme et de sa volonté d’en découdre avec (tout) le monde. Ces musiques bouleversent le réel, tout autant qu’elles malmènent les films qui voudraient se les accaparer.
Dans chacun de ces films, la musique excède le cinéma, le pousse dans ses retranchements, l’oblige à faire avec elle. Plus ou moins consciemment, les réalisateurs se libèrent ici de tout ce qu’ils savent pour partir à la recherche de la forme idéale à donner à leur création. Et pour y arriver, tous les moyens sont bons.
On Animal Locomotion de Johan van der Keuken et Contes de Symphonie déchirée de Jacqueline Caux ont été réalisés sur des musiques déjà existantes de Willem Breuker et Luc Ferrari, mais gardent le documentaire en ligne de mire. Dégénération punk de Claude Santiago, le seul film de cette sélection produit pour la télévision, raconte la fracture punk uniquement à base d’images d’archives. Violent Days, réalisé par Lucile Chaufour, existe quant à lui sous deux formes, fiction et documentaire (celle présentée ici). The Reluctant Movie Star, un film classique, produit par Universal et Keith Richards, dont je dois dire un mot ici, est le making of du documentaire Hail Hail Rock’n’Roll, réalisé par de Taylor Hackford, à la gloire de Chuck Berry. Presque uniquement composé d’entretiens avec l’équipe du film, il montre la face noire du maître du rock’n’roll, son rapport halluciné à l’argent, mais constitue aussi et surtout un témoignage exceptionnel sur la condition d’un musicien noir américain. Il n’y a dans mon souvenir aucune note de musique dans ce film, mais là encore, c’est elle qui mène le bal.
Si certains d’entre eux viennent de la fiction – Lucile Chaufour – ou du cinéma expérimental – Jérôme de Missolz, avec l’épileptique Entrée de secours en guise d’ouverture, Marc et Éric Hurtado, dont le vertigineux Jajouka, quelque chose de bon vient vers toi boucle cette programmation –, les réalisateurs de ces sept films sont tous des documentaristes aguerris, qui repoussent les limites du genre. Il faut le souligner, parce que cette programmation est une double célébration, celle aussi de la trentième édition des États généraux du film documentaire. Dès l’origine, le genre documentaire a ouvert les voies d’un dialogue entre la musique et l’image qui ne s’est jamais démenti et qui irrigue aujourd’hui constamment tous les genres cinématographiques.
Quant à la musique elle-même, elle se moque bien du social, de l’esthétique, du sacré, du documentaire, de tout : de son superbe mystère, on ne dévoile jamais rien, ou si peu. Parfois, pourtant, un film réussit à lever momentanément le voile, à donner une clé d’écoute, transmettre une vibration, les portes du paradis. La musique, c’est le bonheur de la communion, une célébration. Les films présentés ici font tous, d’une manière ou d’une autre, ce pari.

Stéphane Jourdain (La Huit Production)