SQL Error ARDECHE IMAGES : Journée Sacem
Les États généraux du film documentaire 2008 Journée Sacem

Journée Sacem


La journée Sacem est placée cette année à Lussas sous le double signe d'un anniversaire et du lien avec une thématique nourrissant la programmation du festival.
D'un anniversaire l'autre, nous avons souhaité en effet, pour cette vingtième édition des États généraux du film documentaire, célébrer Olivier Messiaen à l'occasion du centenaire de sa naissance.
La Sacem propose par ailleurs, à l'invitation de l'équipe des États généraux, une carte blanche en relation — forcément libre — avec l'un des séminaires programmés cette année à Lussas, « Formes de lutte et lutte des formes», réflexion autour de la contestation dans le cinéma documentaire.
Notre séance hommage est présentée avec la participation de Claude Samuel, fondateur et directeur du Centre Acanthes, académie de musique contemporaine née en Avignon, comme Messiaen, et dont les élèves avaient pu apprécier, il y a vingt ans encore, combien celui qui se définissait non sans malice comme « ornithologue et rythmicien » était aussi un pédagogue exceptionnel. Délégué général de l'année Messiaen 2008, Claude Samuel a bien voulu se prêter au jeu d'un aperçu, par le film cette fois-ci, d'une œuvre magistrale dont l'actualité transcende les commémorations.
Excepté leur format — ce sont tous les deux des films de long métrage, affichant l'un comme l'autre une durée de quatre-vingts minutes — tout semble distinguer les documentaires présentés ici : l'un a été tourné en 1972, avec la participation d'un Messiaen dans la force de l'âge, l'autre a été réalisé en 2007, soit quinze ans après la mort du maître. Le premier est signé par deux proches de Messiaen — l'une de ses commanditaires, et l'un de ses élèves —, le second est le fait d'un réalisateur étranger au premier cercle de la musique contemporaine. L'un évoque des phénomènes sonores intégrés au matériau travaillé par le compositeur, convoque la théorie musicale et saisit sur le vif la pratique pédagogique de Messiaen, quand le second interroge l'énergie improbable à l'origine de la composition, la façon dont l'œuvre musicale, servie par l'engagement de ses interprètes, peut passer du geste individuel à l'expérience universelle.
Ce rapport entre l'intime et le lien social, ce rapprochement entre un propos musical équivoque qui n'aurait pas besoin d'être explicité pour être transmissible et un message à dimension éventuellement politique, ne sont pas étrangers au fait que la musique est un vecteur de transformation sociale d’autant plus puissant qu'il prend appui sur cette contradiction première.
Dès lors qu'elle affirme une liberté de forme, la musique est un ferment de contestation dont la vibration est ressentie au-delà du champ de l'expérience esthétique. Cet impact de la musique reste encore plus flagrant lorsqu'elle est assortie, au prix de l'engagement des musiciens eux-mêmes, d'un discours délibérément revendicateur. Le free jazz est, à cet égard comme à d'autres, depuis son émergence volontaire au tournant des années cinquante et soixante, un fait artistique et social marquant de l'histoire contemporaine.
La carte blanche que nous proposons à Jacques Goldstein — réalisateur ayant fait ses premières armes aux Enfants du rock, documentariste révélé par une biographie filmée de Miles Davis dans les années quatre-vingt, ayant multiplié depuis les tournages avec des musiciens afro-américains ou afro-européens tels que Steve Potts, Wadada Leo Smith, John Thicaï et David Murray — propose de retracer, à travers un choix de films nécessairement serré, ce grand chamboulement de notre paysage acoustique.
La sélection de films rassemblés sur ce thème de la radicalité et de la recherche formelle portées au cours des cinquante dernières années par les musiciens noirs en Occident — mais aussi au Sud — associe premiers témoignages sous forme documentaire, films de production plus récente construits autour de concerts filmés, longs et courts métrages, projections in extenso (annoncées en détail dans ce catalogue), et morceaux choisis à découvrir en séance.
Enfin, notre journée autour du film musical se prolonge en soirée par la remise du Prix Sacem du documentaire musical de création, suivie de la projection du film lauréat. Le réalisateur récompensé cette année est bien connu de tous les professionnels comme des festivaliers de Lussas, où il a notamment été récompensé par la Sacem à deux reprises. Il s'agit bien entendu de Michel Follin, pour La Passion Boléro, un documentaire consacré à l'œuvre-phénomène de Ravel, s'inscrivant dans la série de monographies d'œuvres confiées par Arte à un choix restreint d'auteurs et de réalisateurs. Michel Follin partage la paternité de ce film avec son co-auteur Christian Labrande, réalisateur d'émissions musicales pour la télévision, responsable d'une collection vidéo consacrée à la réédition des grandes archives du XXe siècle, fondateur de la biennale Classique en images et programmateur des cycles de musique filmée à l'auditorium du Louvre.
La Passion Boléro explore sans en épuiser les charmes le rapport complexe que cette œuvre emblématique entretient avec son compositeur, ses interprètes et un public qui, s'il semble s'être approprié le Boléro comme rarement il le fait d'œuvres de musique dite classique, le connaît finalement assez peu. Le jury Sacem a retenu la façon dont les archives et les scènes fictionnées viennent à l'appui d'interviews de témoins choisis, pour composer un film musical dont la forme – l'investigation ? – est servie par un solide travail de documentation, de beaux choix de point de vue, et un montage particulièrement efficace.
Au nom de la Sacem, nous vous souhaitons un bon festival, et espérons vous retrouver nombreux aux rendez-vous de notre journée en musique.

Gaël Marteau


Invités : Débats à l'issue de chaque séance en présence de Michel Follin, Jacques Goldstein, Christian Labrande (réalisateurs), Gaël Marteau (Division culturelle Sacem) et Claude Samuel (délégué général de l'année Messiaen 2008). Remise du Prix Sacem du documentaire musical de création vendredi 24 août à 21h15. Projection suivie d'un cocktail.