Les Jours sans précédent
Jane Kozlowski
2020 - 22 min - Video Full HD - Couleur - France

"Depuis 13 minutes, le confinement est officiellement instauré, sans intention précise, je pose ma caméra sur ma terrasse, je filme".
Voilà le point de départ de ce film. J’habite sur la plage, dans un décor de rêve, à Carnon-Plage dans l’Hérault.
En filmant la mer et l’horizon, je me suis tout d’abord dit que ces images feraient du bien à certains confinés, ceux qui n’ont pas la chance d’avoir cette vue propice au rêve et à l’évasion. Très vite, je me suis rendue compte que cette démarche allait bien au delà. Ma terrasse est alors devenue la vigie de cette traversée improbable dans laquelle nous naviguions tous "à vue" pour reprendre une expression chère aux médias de masse. Mon poste d’observation de ces jours sans précédent est assez unique puisqu’il est à la limite, à la frontière, au bord de tout ce qui ne nous a été inaccessible.
Postée avec ma caméra à l'extrémité de cette France confinée, j'ai contemplé la nature et l’humain face à cette crise. Curieusement, cet espace condamné de la plage m’a raconté chaque jour un aspect différent de cette période. Avec un large panel de thématiques, des situations se sont déroulées sous mes yeux comme si j’assistais à un spectacle in situ : La mise en place d’une répression pour imposer le respect des règles, l’acceptation ou le contournement des interdits, l’incompréhension et la perte de repères au fil du temps…
Tout s’est joué ici entre les humains à qui on ne pourra jamais retirer la pulsion de venir contempler l’horizon, la présence policière disproportionnée, mon quotidien, mes voisins qui ont accepté de faire partie de mon espace diégétique.
Dans ce film, je navigue entre l’intime et l’ouverture à l’autre, avec le parti-pris de rester essentiellement sur l’horizon. C’est avec les mots de ma voix off, le hors champ et une forme filmique délibérément expérimentale que je tords et étire le cadre du confinement. Qui dit limite et cadre questionne surtout la liberté et, dans ce contexte inédit où elle a été et est encore remise en cause par la menace sanitaire, tout me raconte quelque chose à son propos : Huguette, ma voisine qui se rappelle la guerre d’Algérie, ma fille qui veut voir son amoureux, les fourmis qui m’empêche de filmer, la violence de l'hélicoptère qui hurle que la plage est interdite et tous ces petits points humains absurdes qui se déplacent dans un enferment à l’horizon incertain, à la fois vaste et clos. Il est aussi question du temps puisqu’il s’agit d’une chronique du confinement. Et par ce principe de filmer chaque jour, j’ai pu prendre du recul et constater à quel point il étire, lui aussi, nos limites.
Ainsi, je respecte scrupuleusement le calendrier de ma narration de ce journal de confinement. Chaque image est strictement attachée au jour de sa capture. Les sons sont, eux aussi, tirés de la période en question, les musiques ayant été jouées par mon compagnon en même temps que je filmais, les conversations ayant eu lieu pendant que la caméra tournait, braquée sur l’horizon. La voix off s’est écrite en deux temps : au jour le jour, j’ai noté mes réflexions dans un carnet sans revoir les images que j’avais filmées.
Après deux semaines de tournage libre d’intention, j’ai regardé mes rushes, j’avais le recul nécessaire, mon vécu de la situation avait évolué alors j’ai couché sur le papier ce que m’inspiraient ces "morceaux taillés de la réalité" et j’ai entamé le montage. La narration s’est construite ainsi. Ce et ceux que j’ai filmés sont devenus les personnages de mon



Auteur-Réalisateur : Jane Kozlowski
Image : Jane Kozlowski
Son : Frédéric Galland
Montage : Jane Kozlowski
Musique originale : Frédéric Galland
Producteur délégué : Les Productions du Lagon

Distribution


Distributeur : Les Productions du Lagon