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L'Âge de la négociation
Éric Blanchot
2006 - 55 min - Digital vidéo - Couleur - France

voir la 1re partie : "Le Temps du débat"
La négociation est devenue le maître mot des relations sociales sinon de la vie publique en général. À lire les médias, on négocierait tout et partout, l’autorité s’effaçant pour laisser place au dialogue et à la concertation. Derrière un concept, une idée de processus, la réalité colle pourtant mal à la volonté affichée d’offrir aux acteurs de la société civile la possibilité de participer à l’invention de la régulation. La concertation et l’écoute, le débat, cela prend du temps. Pressé de prendre des décisions, l’État républicain s’enferme, plus que jamais sans doute auparavant, dans une trame exécutive qui discrédite les solutions issues de la concertation : trop lente et pas suffisamment lisible pour les commentateurs. On ferme donc le Commissariat au Plan, ce lieu de rencontre et de délibération voulu par Jean Monnet qui permettait à une idée de s’équiper et de traverser le corps social. Et puis on délègue aux partenaires sociaux les tâches ingrates, le social, ce qu’on ne sait plus bien faire ou ce qui échappe à l’État du fait de la mondialisation.
Le système était bâti pour assurer la participation des classes laborieuses mais aussi des patrons, tous réticents, à la mise en place d’un ordre public social. L’État ayant en horreur les corps intermédiaires, ceux-ci se construisant potentiellement contre son hégémonie, se satisfaisait de ces acteurs faibles dont on n’attendait finalement pas grand-chose, le ministère du Travail se chargeant d’élargir au plus grand nombre des accords favorables aux salariés en généralisant les acquis obtenu dans telle ou telle grande entreprise publique ou dans la rue et par la grève. Le système de régulation fonctionna tant bien que mal tant qu’il y avait du grain à moudre, les négociations à des niveaux intermédiaires ou dans l’entreprise ne pouvant qu’améliorer les droits des salariés concédés plus haut par la loi et les accords interprofessionnels.
Que reste-il de cette vaste construction associant syndicats de salariés et représentants du patronat à la gestion des organismes paritaires et à la conception des lois sociales ? La négociation collective, poussée par un ministère du travail soucieux de ne pas prendre seul de douloureuses décisions ne produit presque plus rien. Le système est obsolète, dépassé par le détricotage d’une mécanique à peine finalisée au début des années 1970. Pour s’adapter à la mondialisation, l’État somme les partenaires sociaux de s’émanciper de sa tutelle et de négocier tout azimut, à tous les niveaux. Mais dans un pays qui compte 5 % de syndicalistes et où plus de 14 000 délégués syndiqués sont licenciés chaque année, où l’essentiel des entreprises ne compte aucune section syndicale, où la représentation des salariés, toujours considérés comme des tiers plutôt que comme des acteurs, est toujours éclatée du fait de la multiplicité des instances de négociation, comment assurer l’équilibre du rapport de force ?
Transférer à la négociation et à l’accord d’entreprise la force protectrice du droit suppose des règles de conduite aujourd’hui incomplètes, inadaptées ou méconnues. Les acteurs restent souvent extérieurs à un système de régulation, subit plutôt que compris dans ses fondements. L’individualisation des relations de travail, l’effacement du monde ouvrier et de sa discipline laisse le champ libre à l’isolement des salariés, supposés, sans préparations préalables, devenir des négociateurs et assumer le risque de cette forme d’



Auteur-Réalisateur : Éric Blanchot
Producteur délégué : IO production
Diffuseur coprod. : Cityzen télévision
Participation : CNC

Distribution


Distributeur : IO production
Disponible au Club du doc