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( In the Idiom of Santiago Alvarez )
Travis Wilkerson
1999 - 54 min - 16 mm - Couleur - États-Unis
Un puissant documentaire sur la vie et l'œuvre du réalisateur cubain : Santiago Alvarez.
Qu’est-ce qu’un cinéaste? C’est à cette question floue, et peut-être vaine, que Travis Wilkerson souhaitait trouver réponse ferme lorsqu’il se rend à Cuba pour interroger Santiago Alvarez, légende du cinéma militant. Alors même qu’il n’avait vu aucun de ses films, Wilkerson réalise avec le maître un entretien qui prend vite l’allure d’une leçon de cinéma doublée d’une leçon d’histoire, Alvarez lui présentant, commentaire à l’appui, ses multiples essais.
Au retour de son périple, grande déception : de ces séances généreuses et si instructives, la caméra n’a rien retenu, ni le son, ni l’image; la technique a fait défaut. La figure et la voix du cinéaste se sont évanouies, presque en même temps que lui. Seuls demeurent alors les films. Du même coup, le portrait reste à faire, c’est-à-dire à fabriquer, tout entier, de mémoire.
Voilà pourquoi cet hommage à Alvarez se présente, selon une certaine tradition poétique, sous la forme d’un mélange . S’y trouvent tout autant des parties autobiographiques de Wilkerson que des fonds d’archive, des extraits de films réalisés pour la télévision cubaine comme des images prises aujourd’hui, l’ensemble sans aucun souci de hiérarchie ni d’assignation. Projet explicitement didactique, manifeste du bricolage génial, profession de foi du cinéma comme outil public jamais oublieux des exigences d’inventivité, "Accelerated Under-Development" est un film agité et bruyant. Mais sa trépidation et son fracas ne sont que l’écho de la rumeur des mondes exploités, asservis, mis au silence.
Que le documentaire ambitionne une vitalité à la proportion de son urgence à témoigner, que cette vitalité traverse et emporte les nécessités pratiques et économiques, voilà, contre toutes les pulsions de propriétaires frileux, ce qui nous est offert ici. Aucun arrêt, mais une infinie poursuite ; aucun sous-développement, mais une soif d’agir.
(FID Marseille, 2004)