Zéro Baraque
Julien Fezans, Laurent Malone
2019 - 37 min - Vidéo Full HD - Couleur - France

Depuis dix ans, longue est la liste des bidonvilles dans lesquels Nicolae Covaci a vécu, seul ou avec sa famille. Après la dernière expulsion de Grigny en Essonne, les familles sont repoussées aux confins de la ville. Ce n’est même plus un bidonville puisqu’il n’y a plus de ville. Une forêt humide, dans laquelle le soleil ne pénètre pas. Quelques cabanes dispersées. Les femmes sont parties avec leurs enfants dans les hôtels en attendant que les hommes construisent.
Cachés, invisibles, loin de la ville, cette fois et plus encore les politiques ont réussi leur pari d’exclusion, leur bannissement. Nicolae est la mais les divisions politiques au sein des militants rendent le travail difficile. Nous ne sommes plus les bienvenus. L’image est rendue responsable de l’expulsion. Trop d’exposition rend vulnérable. Alors plus question de filmer la vie dans la rue du bidonville.
La camera se resserre sur la cabane de Nicolae , sur sa colère à ne pas être comme son frère Dragomir qui lui a réussi, à être loin de ses filles, à sa difficulté à aller au travail le matin dans le froid et la nuit.
Une nouvelle expulsion a contraint Nicolae à reconstruire sa cabane à Grigny au bord de l’autoroute, à trouver du travail
. Et puis Nicolae est devenu père pour la quatrième fois.
Ses filles sont allées à l’école puis suite à la dernière expulsion n’y sont plus allées.
Notre conversation a souvent été interrompue par les difficultés de la vie augmentées par la discrimination, l’accès à la langue, le manque d‘électricité, l’éloignement, l’exclusion au confins de nos villes, par le froid qui tombe dès que le poêle s’arrête pour la nuit, par la boue qui indique que vous ne vivez pas au même endroit que les autres. Nicolae parle de tout cela mais aussi de son amour absolu pour ses filles.
Nicolae a quitté son pays la Roumanie pour une vie meilleure pour lui et sa famille. Nicolae est un homme qui tente de vivre au mieux. Et souvent il crie sa révolte. Celle d’être né dans un pays ou la discrimination faite aux siens est ancestrale.
Le film est fait de temps répétés, presque identiques, respectant la chronologie. La camera reste confinée dans les différentes cabanes de 8 m2. Elle se pose de longs après-midi, cadrant les visages, le silence, le temps et la parole de Nicolae. Autour de lui, sa fille Alina est souvent présente, et devient en quelque sorte elle aussi le fil conducteur du film par sa présence.
Nous filmons avec un objectif de 50 mm, les baraques étant petites, nous sommes proches et le cadre ne laisse jamais voir la totalité des habitations. Le son raconte ce que l’on ne voit pas de la cabane et du bidonville. L’environnement extérieur est très présent du fait de la précarité des constructions. Après chaque destruction, nous sommes retournés filmer les lieux des anciens bidonvilles et les traces laissées par les habitants et les pelleteuses.



Auteur-Réalisateur : Julien Fezans, Laurent Malone
Image : Laurent Malone
Son : Julien Fezans
Montage : Julien Fezans, Laurent Malone
Producteur délégué : Julien Fezans

Distribution


Distributeur : Julien Fezans