Elle l'a bien cherché
Laetitia Ohnona
2018 - 52 min - Vidéo Full HD - Couleur - France

250 000 viols ou tentatives sont commis chaque année en France. 16 000 plaintes sont enregistrées. Au bout d’un parcours qui dure en moyenne 4 ans, seules 1 600 finiront aux Assises. Soit une plainte sur dix.
Marie, Manon, Michèle, Muriel… Quatre victimes, à différentes étapes, nous emmènent en immersion dans ce long et douloureux parcours. Celle de 20 ans, qui accuse le petit copain de sa tante de l’avoir violée. Celle de 27 ans qui se souvient des trois premiers verres dans ce bar parisien et puis plus rien. Cette petite dame de 56 ans tabassée et violée par deux hommes qu’elle a pris en stop. Et cette femme de 42 ans pour qui la soirée alcoolisée a viré au cauchemar, quand "l’ami bienveillant" l’a raccompagnée chez elle.
Chacune d’entre elles va devoir répéter son histoire des dizaines des fois. Auditions au commissariat, confrontations, examen et suivi à l’hôpital sur plusieurs mois, entretiens avec l’avocat… C’est là que va se jouer le destin judiciaire de la plainte. Pour parvenir jusqu’aux Assises, la constance des déclarations, l’existence de preuves matérielles et surtout, les circonstances du viol vont être déterminantes.
Les professionnels évoluent chaque jour dans un système saturé : plus de la moitié des affaires jugées aux assises sont des viols. Si toutes les plaintes déposées arrivaient jusque-là, le système exploserait. Donc policiers et magistrats trient les dossiers, pour ne garder que les plus "solides" : celles qui ont une chance d’emporter la conviction d’un jury populaire aux assises.
Du viol, l’inconscient collectif attend des traces visibles, du sang, des bleus, quand en réalité, dans 90% des cas il n’y a pas de violence physique. Les jurés ne connaissent pas les mécanismes traumatiques du viol que sont la sidération et la dissociation, qui paralysent la victime et l’empêchent de se débattre ou de crier.
Tout au long du parcours, les professionnels travaillent dans l’idée que les victimes seront confrontées à des jurés qui pensent parfois qu’elles se sont mises en danger toutes seules. Boire de l’alcool, sortir tard le soir, porter une tenue un peu légère, flirter dans un bar… Toutes ces injonctions tacites de bonne conduite sont intégrées par les femmes elles-mêmes. Leur transgression rend-elle pour autant les victimes co-responsables de leur viol ?
Du dépôt de plainte jusqu’au verdict, "Elle l'a bien cherché" ouvre toutes les portes des institutions de la chaîne judiciaire du viol. En nous faisant vivre ce parcours du combattant de l’intérieur, ce documentaire questionne chaque juré potentiel que nous sommes.


Distribution


Distributeur : Memento Productions
Disponible au Club du doc