À la rue à la mort
Philippe Prigent
2002 - 52 min - Non spécifié - Couleur - France

C’est une histoire de train. Une histoire d’arrivée et de départ. L’histoire d’un rendez-vous manqué : avec Jean-Pierre, un SDF, mort sur le quai d’une gare RER en banlieue parisienne le 28 janvier 2002. Le jour de la publication de la première enquête sur la situation des sans domicile fixe en France. Simple coïncidence. Mais tout un symbole. Celui de ceux et celles qui un jour meurent dans la rue : seuls, dans l’anonymat, dans l’indifférence. Alors, nous sommes partis sur les traces de Jean-Pierre. A Paris. Entre la gare du nord et la gare de l’est. En "descendant" dans la rue quand la nouvelle de la mort s’y répand. En écoutant ceux qui y vivent, d’autres sans abris, ceux et celles qui le côtoyaient, ceux et celles qui partagent la même vie mais aussi ceux qui y travaillent, qui vont à la rencontre des SDF, les accueillent, tentent de répondre à leurs problèmes. En remontant le temps, à la recherche de quelques bribes de la vie de Jean-Pierre, à la rencontre de ceux et celles qui l’avaient connu…avant. Pour comprendre un peu mieux le destin d’un de ces exclus, son histoire, pour lui redonner une identité palpable, une dignité. Mort dans la rue. Mort de la rue. Mort invisible. Jean-Pierre avait 56 ans. Cela faisait près de 20 ans qu’il vivait dans la rue. Il a été enterré le jour de la Saint-Valentin dans le carré des indigents du cimetière de Montreuil. Depuis, la liste des morts de la rue n’a cessé de s’allonger. Durée moyenne de vie pour les personnes mortes de la rue : environ 45 ans. Avec ce film, nous voulons rompre le silence qui règne sur les décès de personnes sans domicile fixe dans la capitale – il n’existe aucun chiffe officiel sur le décès des personnes sans abri en France -, sortir des "clichés" – les SDF meurent surtout l’hiver ; de froid, de faim, de maladie -, pour aller au-delà de l’émotion et de l’indignation que suscite – parfois – un fait divers tragique : la mort d’un SDF.