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Les États généraux du film documentaire 2015 Journée Sacem

Journée Sacem


La Sacem, Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, s’associe comme chaque année, avec plaisir et engagement, aux États généraux du film documentaire de Lussas. Aux côtés de celles et ceux qui donnent vie, par leur talent et leur travail quotidien, à la création documentaire, notre société y témoignera naturellement des liens forts qui unissent la musique et l’image.
Parmi ses cent cinquante-trois mille membres, dont près de trois mille auteurs-réalisateurs, un grand nombre des compositeurs de la Sacem œuvrent pour le septième art et l’audiovisuel. Compositeurs et réalisateurs parlent un seul et même langage : celui de l’œuvre qu’ils créent ensemble.
La musique sera ainsi à l’honneur de la journée proposée par la Sacem à Lussas. Le public est invité à y rencontrer l’auteur, compositeur et interprète Piers Faccini, autour du film A New Morning qu’il a coréalisé avec Jeremiah, mais aussi Arthur B. Gillette et Jennifer Hutt qui ont composé la musique de La Fièvre de Safia Benhaim.
Prolongement de cette journée d’échanges, deux très beaux documentaires musicaux seront primés cette année par la Sacem. Sandrine Bonnaire recevra ainsi le Prix Sacem du documentaire musical pour son Ce que le temps a donné à l'homme – Jacques Higelin, un film très réussi sur ce grand poète de la chanson française. Pour la toute première fois, le jury a également souhaité attribuer une mention spéciale au documentaire In and Out. Martial Solal – Bernard Lubat, un échange musical réalisé par Thierry Augé.
Autant de moments qui illustrent le soutien constant de la Sacem, via son action culturelle, aux jeunes talents de la musique à l’image, mais aussi aux auteurs et réalisateurs de documentaires musicaux.
Très bon festival à toutes et tous !

Laurent Petitgirard
Compositeur
Président du Conseil d’administration de la Sacem
Membre de l’Institut


Piers Faccini, une rencontre

J’ai débuté en tant que peintre, au début des années quatre-vingt-dix. Je préférais la solitude d’une existence de peintre à une vie d’homme de scène. J’ai fini par partager mes chansons avec un public en 1996 et j’ai formé un groupe du nom de Charley Marlowe, qui est resté en activité jusqu’à ce que j’enregistre mon premier album solo en 2003. Pendant ces années avec le groupe, j’ai également commencé à composer de la musique pour la télévision britannique, à enregistrer des bandes originales pour la BBC et Channel 4.
Je crois qu’être peintre m’a donné un aperçu de la façon dont la musique peut accompagner l’image, et vice-versa. J’écris mes chansons de façon assez classique, en cherchant à trouver l’alliage parfait de mots et de mélodies ; mais en tant que compositeur de musique instrumentale sur des images, je suis fasciné par les textures infinies et évocatrices que la musique peut produire. En un sens, je tends à expérimenter davantage en tant que compositeur de musique de films qu’en tant qu’auteur de chansons, mais souvent, les bandes originales que j’enregistre m’aident à trouver des idées d’arrangements et d’habillages de mes morceaux. J’ai récemment eu la chance de composer la musique de trois films de Philippe Borrel, le plus récent étant L’Urgence de ralentir. J’ai également travaillé sur un long métrage de Fanny Jean-Noël intitulé Move. En 2011, j’ai coécrit avec Jeremiah le film A New Morning, dans lequel nous mettons en scène des performances intimes et acoustiques de mes chansons au fil des quatre saisons dans la région des Cévennes, où je vis actuellement. Récemment, je me suis aussi lancé dans la réalisation de clips d’animation pour mes chansons et, bien que je n’aie aucune formation en la matière, j’ai utilisé mon expérience en tant que peintre et dessinateur pour expérimenter et trouver des idées.
Je me réjouis de participer aux États généraux du film documentaire et d’y présenter et partager ma façon d’expérimenter avec les différents médiums que j’emploie.

Piers Faccini


Au mitan du festival, cette rencontre s'impose comme une respiration, une invitation à l'écoute et à l'échange avec Piers Faccini, auteur-compositeur-interprète, peintre et photographe.
Un film, des vidéos d'animation, ses peintures, du chant, des extraits de films dont il a composé la musique seront autant d'approches pour appréhender son univers pluridisciplinaire, riche et singulier.
En clôture de la séance, Piers Faccini, relèvera un petit défi « live » à ne pas manquer !

Rencontre animée par Cédric Jouan.
En présence de Piers Faccini.



Fabricants de films et faiseurs de musique

C’est par une performance appelée Last Things (une fiction sur le dernier homme sur terre) au Festival Côté Court en 2013 que la rencontre entre Safia Benhaim, la fabriquante de films, et Jennifer Hutt et moi, les faiseurs de musique, s’est faite. Un croisement qui se mue au fil des mois en une collaboration et des allers et retours pour finalement écrire ensemble l’histoire sonore de La Fièvre, film terminé en 2014.
Avec Jennifer, nous retracerons l’histoire de cette rencontre. Il sera question d’immédiateté et d’embourbements, de musique qui s’empêche de penser et essaie d’être au service d’une autre œuvre: rythmes de travail et inventions, images mentales et essais itératifs.
Nous jouerons une courte partie de la performance en direct avec guitare, clavier et violon. Nous raconterons notre présence et notre jeu (musical et physique) dans les décors « naturels » du tournage de la performance, pour aborder la façon dont ces premières inventions se sont transformées par manipulations successives et ont inspiré Safia Benhaim. À l’aide d’un ordinateur, nous simulerons à l’écran les chemins créatifs qui ont altéré la matière première acoustique et fait vivre le récit de La Fièvre, processus jalonné de discussions, d’incompréhensions et de tentatives.

Arthur B. Gillette


Devant l’écran de montage : des rushs épars, des images fragmentaires pour raconter l’histoire d’une mémoire trouée. Des écrans noirs. Des textes, ou plutôt une parole « muette », pour faire revenir à la surface des scènes d’enfance englouties, des réminiscences. Le désir que toute cette mémoire revienne en une nuit, par une nuit de délire et de fièvre. La musique est venue ainsi : pour donner un corps à la fièvre, au délire. Pour charrier avec elle les paroles sans voix et sans images, les mots dans le noir. Pour que, peu à peu, naissant de la fièvre, des images surgissent, en hallucinations.
Je pensais ne pas aimer la musique au cinéma, et dans le « documentaire »… Mais en commençant à écrire le texte du film, cette voix « muette » écrite sur le noir – à même l’écran noir, directement au montage et non pas sur une page blanche – j’ai senti que ce « texte » ne pouvait pas simplement se réduire à des mots racontant un récit, mais qu’ils devaient, en leur rythme, épouser la progression d’un délire fiévreux (dont la sensation me restait très vive, depuis une « vraie » nuit de fièvre vécue enfant). Pour écrire, j’avais besoin d’un rythme. Une musique lancinante m’est alors revenue en tête, composée par Arthur et Jennifer pour un précédent projet commun, et finalement laissée de côté. Pour écrire le texte, j’ai posé la musique sur la piste son : puis les mots et le rythme sont venus, naturellement, en un flot coulant. Très vite, je me suis rendue compte que cette musique que j’écoutais n’était plus simplement un « outil » pour m’aider à écrire, mais qu’elle était la « matière » irreprésentable de la fièvre, du délire de la fièvre. La musique devenait la forme la plus sensible, la plus « mimétique » de cette sensation qui me restait en mémoire, inscrite dans mon corps. D’elle naîtraient et les mots des réminiscences, et les images fragmentaires, cette mémoire perdue refaisant surface. Alors, j’ai eu besoin de ruptures dans le rythme, et j’ai demandé à Arthur et Jennifer d’en composer une nouvelle – pour que je puisse, articulant ces deux longs morceaux, jouer des rythmes et des « apparitions » des personnages mutiques (voix muettes de l’exilée fantôme, voix muette de l’enfant possédée par le fantôme). Le film entier s’est construit sur cette musique : elle est la « matière » de la fièvre, la « fondation » du film.

Safia Benhaim

Rencontre animée par Cédric Jouan.
En présence de Safia Benhaim, Gréco Casadesus, Arthur B. Gillette et Jennifer Hutt.