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Les États généraux du film documentaire 2012 Expériences du regard

Expériences du regard


Les vingt-trois films que nous avons retenus pour cette programmation ont comme point commun de dévoiler, à des degrés divers, ce que l’immédiateté du regard dans le réel a occulté. En choisissant une position de regard en retrait – à savoir regarder avec l’acuité que permet une démarche déployée dans le temps plutôt que dans l’urgence de l’immersion –, leurs auteurs nous révèlent la part d’ombre et d’obscurité nécessaire au réveil de nos sens, à notre compréhension du monde et de ses enjeux.
Chacune de ces propositions est un essai cinématographique aux confins du réel et de la représentation qu’il est possible d’en donner. Dès lors qu’ils frayent avec la partie cachée du visible, ces films sont habités par une faille – un interstice – dans laquelle chacun peut être en mesure de déployer son imaginaire. Ils nous donnent ainsi accès en tant que spectateurs à une expérience à vivre.
Si l’expérience à vivre par le cinéma demeure une des raisons d’être de cette programmation – pourvu qu’elle transgresse les habitudes qui prévalent au confort de notre regard et de notre écoute – nous avons privilégié des films qui, traversés par cette énergie esthétique, tissent des liens avec le politique.
Nous entendons par politique non pas un sujet ou un événement d’actualité mais la croyance en la possibilité, par le cinéma, d’ouvrir d’autres horizons quant à la compréhension que nous pouvons avoir du monde et à la nécessité de sortir de notre réserve pour œuvrer à son changement.
Portée par une prise de risque formelle, cette croyance – dès lors qu’elle parvient à faire corps avec des faits et des questionnements liés à nos vies et à l’Histoire, qu’elles soient d’hier, d’aujourd’hui ou de demain – permet aux spectateurs que nous sommes de la faire nôtre.
Il n’est pas illusoire de penser que les mouvements de l’Histoire peuvent naître du désir et de la tension cumulée de milliers de regards qui, à force de se tourner vers un avenir encore invisible, finissent par le faire advenir.
De manières diverses, les vingt-trois films qui composent cette programmation sont habités par ces énergies politiques et esthétiques. Parce que ces films sont rares et précieux, nous les avons choisis pour qu’ils nous guident dans notre questionnement sur un cinéma d’aujourd’hui en prise avec l’état du monde.

Pierre-Yves Vandeweerd et Philippe Boucq

Débats en présence des réalisateurs et des producteurs.