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Les États généraux du film documentaire 2009 Éditorial

Éditorial


L’élaboration du programme est chaque année le résultat d’une longue maturation. De réflexions en rencontres, de découvertes de nouveaux films en redécouvertes indispensables, à partir de nos envies et de nos questionnements, nous construisons un ensemble de propositions, auxquelles nous convions de fidèles compagnons et de nouvelles rencontres.
Partir des films reste la plus sûre des promesses, et les associer est une construction délicate et excitante. Pour cette vingt-et-unième édition, nous avons dessiné des trajectoires qui traversent différents champs artistiques sous des formes multiples, chaque fois en nous attachant à la valeur d’engagement des œuvres, qu’elles soient l’expression d’un positionnement politique fort et d’un choix d’écriture et de mise en scène affirmé.
Nous explorerons et interrogerons ces gestes engagés comme autant de propositions ou d’initiatives qui par leurs tentatives de penser leur époque, de l’habiter, de la bousculer maintiennent ou rétablissent des liens de sens et de pensées, créent des courants de résistance, des mouvements intérieurs et des alliances de travail.
Ainsi dans l’invitation faite à des photographes souhaitons-nous en premier lieu explorer leurs démarches de travail, leur appréhension d’un sujet, d’un lieu, d’une histoire, leur façon de penser la description et le récit documentaires. D’emblée, avec Jean-François Chevrier, du point de vue de l’histoire de l’art, nous ouvrirons cette voie, celle du lien entre les formes documentaires et l’histoire des représentations. Ce qui relie un engagement personnel et une pratique artistique, c’est ce que nous regarderons aussi avec Patrick Leboutte et Sylvain George, quand le politique et le cinéma sont convoqués par une nécessité : comment les films luttent, de 1968 à aujourd’hui, en prise avec leur époque, comment ils associent la politique et le cinéma. Comment inventer de nouveaux gestes, de nouvelles croyances intranquilles, de nouvelles formes de luttes émancipatrices ?
Le regard sur son époque, cette tentative de saisir et de comprendre l’Histoire — sous nos yeux et entre nos mains — traversent également les programmations des films roumains et polonais, exposant toutes deux la confrontation d’un cinéma à la représentation d’une histoire marquée par des années de régime de censure et de propagande.
Ces essais de représentations et de récits de l’histoire en mouvement, cette nécessité de s’y inscrire, se déclinent tout au long de nos programmations, d’une écriture à une autre, d’une époque à l’autre : archives soviétiques avec Revue, images résiduelles avec Material, analyse historique dans Face aux fantômes, films politiques africains, « étreinte avec l’Histoire » dans « Incertains regards », musique et films de propagande pour la Sacem, cycle sur « L’Argent roi » pour la Scam. Voilà le programme !
Et parce qu’il est indispensable de durcir nos réponses face à des politiques régressives, l’élargissement de nos regards, de nos propos et de nos actions s’étendra du côté de l’espace public avec Les Amis de Lussas qui nous engagent à Ne pas plier.
Penser le cinéma comme trouble à l’ordre.

Pascale Paulat et Christophe Postic.