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Les États généraux du film documentaire 2008 Éditorial

Éditorial


C’est la vingtième édition des États généraux du film documentaire. En 1988, naît la Bande à Lumière : des réalisateurs et des producteurs se regroupent pour faire reconnaître le documentaire au sein du mécanisme de soutien à la production mis en place par le CNC. C’est un enjeu financier pour la fabrication des films, surtout après l’ouverture de la télévision aux producteurs indépendants, mais c’est aussi un enjeu de fond : le documentaire, c’est du cinéma ! Dans son élan, la Bande fonde trois manifestations pour répondre à ces deux enjeux. Le Sunny Side of the Doc, versant économie de la production, La Biennale de Lyon qui se déplacera à Marseille et deviendra le FID, et les États généraux du documentaire, versant rencontres et réflexion sur les formes de création dans le documentaire, dans ce charmant village d’Ardèche par lequel on dénomme le plus souvent ce rendez-vous de la fin août : Lussas.
Pour autant, le « paysage audiovisuel » n’a rien de bucolique et il pourrait un jour ressembler à une friche industrielle, du moins sur un versant de la colline, l’autre continuant d’exhiber une opulence indécente et dominante. En revanche du côté du service public, c’est « vaches maigres », là où déjà les sentiers de l’industriel à l’artisan se faisaient rares. Les tensions et les ruptures s’accroissent. Alors l’existence des bandes, plus ou moins structurées, reprend de son importance et on peut voir comment le Club des 13, le ROD et FédéRézo, par exemple, tentent de faire bouger les lignes. La situation se durcit aussi du côté de la diffusion du documentaire dont les nombreux festivals et associations sont parfois les seuls lieux d’accueil. Leur existence reste toujours menacée par des changements de politique publique culturelle mais aussi par la mise en cause du recours à des bénévoles, sans compter parfois avec une compétition malvenue, que le Red, autre bande, pourrait justement dépasser. De belles années étant derrière nous, il nous faut de toute urgence en inventer de nouvelles.
Pour commencer, avec deux conséquents séminaires, dont les objets de réflexions et les films présentés précisent des démarches et révèlent des cinémas différents, mais dont les questions politiques et les films sont toujours le cœur. La sélection Incertains regards est également représentative d’une diversité des récits, des formes et des économies. Le cinéma de Stephen Dwoskin prolonge avec force un regard sur le corps. Ceux de Michael Grigsby et de Thomas Ciulei constituent des espaces cinématographiques très différents mais chacun portés par une extrême attention à la personne. Un cinéma qui revient à une rencontre plus essentielle avec ses personnages, une manière attentive de recueillir une parole, qui dans le documentaire tchèque est aussi très présente. Des cinémas qui racontent aussi des histoires d’exils et de migrations, traversées physiques et vitales des migrants à qui les terres d’accueil se refusent. Au moins, le cinéma se trouve là, de Mirages à Un ami est parti, D’un mur l’autre à No border en passant par Bamako et Bab Sebta.
La bonne nouvelle est que nous soyons toujours là pour le montrer, même fragiles, même inquiets mais avec ce désir intact de poursuivre cette aventure, avec nos plus fidèles compagnons et avec ceux qui nous rejoignent. La bande a un bel avenir si elle est ouverte et accueillante, exigeante et audacieuse, sérieuse et rigoureuse, combative et engagée, fantaisiste et joyeuse à l’image du cinéma que l’on défend.

Pascale Paulat et Christophe Postic