SQL Error ARDECHE IMAGES : Fragment d'une œuvre : Ram Loevy
Les États généraux du film documentaire 2007 Fragment d'une œuvre : Ram Loevy

Fragment d'une œuvre : Ram Loevy



À Tel Aviv, l’an dernier, lors d’une rencontre avec Avi Mograbi, celui-ci nous incita à rencontrer un réalisateur qu’il estimait beaucoup et jugeait important de faire connaître, quelqu’un qui a beaucoup compté dans l’histoire du documentaire israélien et qui a accompagné les premiers pas de la télévision israélienne. Il s’agissait de Ram Loevy.

Si nous avions vu son film Gaza, l’enfermement, diffusé en 2002 sur France 5, nous ne connaissions pas toute son histoire de cinéaste engagé, auteur de documentaires comme de fictions, une cinquantaine de films en tout, beaucoup réalisés pour la télévision. C’est ainsi que nous avons rencontré Ram Loevy, au bar de la Cinémathèque, un homme chaleureux, attentif, discret.
Il nous fit découvrir Hirbet Hizaa, premier film à évoquer l’évacuation des villages palestiniens en 1948. Le film ne dut sa diffusion en 1978 qu'à la pression publique et à une grève de la télévision israélienne, conduisant à l’interruption des programmes de la seule chaîne de l’époque. La diffusion du film provoqua un important débat public et ouvrit une première brèche face à des médias très contrôlés. Ce film de fiction, d’une durée courte qui le rend très direct, raconte la prise de conscience d’un jeune soldat pris dans l’engrenage de la guerre qui se met à douter au moment de procéder à l’évacuation d'un village. Le film n’est pas sans rappeler Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier, par les débats provoqués par la diffusion du film, bien sûr. Mais aussi par le nécessaire recours à la fiction pour raconter une histoire bien réelle mais encore taboue, tenant par là-même le documentaire à distance bien que mettant en scène leur récit dans une grande proximité avec le réel.

Douze ans plus tôt, Ram Loevy se confrontait déjà aux autorités pour permettre la diffusion en salle de son tout premier film comme producteur et co-auteur, I Achmad, réalisé par Avshalom Katz. Il empruntait alors au cinéma de propagande sa forme, pour conter un récit qui s’y opposait. Nous sommes en 1967, avant la guerre et avant la création de la télévision. Il ne cessera plus de s’attaquer aux contradictions de la société dans laquelle il vit, d’interroger les conflits qui la traversent et en premier lieu celui qui oppose infiniment Israël et la Palestine.
Deux films rendront compte de ce regard critique : Bread, une fiction de 1986, porte le regard sur le destin d’une famille israélienne d’origine nord-africaine, confrontée à la précarité dans une ville reculée du désert, tandis que Gaza, l’enfermement témoigne du quotidien des habitants de Gaza au seuil de la deuxième intifada.

Nous n’avons pas diffusé l’an dernier Hirbet Hizaa comme nous l’avions souhaité. Nous avons décidé cette année, avec Ram Loevy, de le présenter en le resituant dans la perspective historique qu’il représente dans une œuvre importante.


Invités : Débat en présence de Ram Loevy avec la participation d’Ariel Schweitzer (critique, Cahiers du cinéma).