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Les États généraux du film documentaire 2006 Journée Sacem

Journée Sacem


Déjà Lussas !

Ne sommes-nous pas nombreux à laisser échapper cette exclamation lorsque le rendez-vous des États généraux du film documentaire nous réunit avec, à chaque fois, la sensation de retrouvailles aussi appréciées qu'improbables ?

Non pas qu'il s'agisse de blâmer le temps qui passe — c'est nous qui passons, pas lui, la chose est entendue, et puis les cinéastes du réel qui présentent leurs œuvres au festival sont heureusement plus enclins à un regard critique sur la marche du monde qu'à des observations angoissées sur la course du temps —, mais bien plutôt de nous réjouir de l'occurrence répétée de cet événement unique, qui nous revient chaque fois plus vivace et toujours aussi fragile.

Vivace comme le cinéma documentaire, avec son foisonnement, ses films à succès dont certains sont porteurs d'interrogations, sinon de polémiques, et fragile comme les œuvres qui le portent, quand elles trouvent si difficilement les moyens d'être produites et accessibles à un public dont la demande reste potentiellement forte.

Ces questions qui touchent à la vie de l'œuvre et à la divulgation du travail de ces auteurs sont régulièrement abordées à Lussas dans le cadre des États généraux. Elle le sont aussi, au-delà de l'événement qu'est le festival — mais toujours à Lussas et avec Lussas — par des actions permanentes de formation, par l'animation d'un centre de ressources et de documentation, enfin, et c'est l'une des actualités de ce festival, par l'ouverture d'un portail internet, plate-forme d'information, de promotion et d'aide à la diffusion du film documentaire.

Partenaire des États généraux du film documentaire, la Sacem l'est aussi, lorsqu'elle rencontre ses objectifs d'action culturelle et professionnelle, des initiatives concourant à former et informer sur le film documentaire, ses créateurs, ses enjeux.

Mais n'oublions pas que Lussas est avant tout un festival et un village, un moment et un lieu privilégiés pour voir et revoir ensemble des films qui renouvellent et jalonnent le cinéma documentaire. La Sacem s'y associe depuis de nombreuses années, elle y propose, en étroite collaboration avec l'équipe des États généraux, une journée autour de la relation entre l'œuvre documentaire et l'œuvre musicale.

Cette thématique du documentaire musical autorise toutes les digressions, tous les retournements et, si nous nous attachons à maintenir cette journée Sacem dans une certaine cohérence d'objectif — montrer le rapport de l'image à la musique, la relation de l'auteur du film au créateur musical —, nous laissons aux envies spontanément exprimées avec l'équipe du festival au hasard des rencontres, et aux événements marquants de la vie musicale, de guider nos choix de programmation.

La disparition de Györgi Ligeti aura été un des chocs de l'année, et nous nous devions de lui rendre hommage en ouverture de la journée Sacem des États généraux 2006. L'initiative en revient à Michel Follin, co-auteur et réalisateur d'un portrait de Ligeti qui reste l'un des plus beaux témoignages sur cet insatiable inventeur de sons, rénovateur de la théorie musicale, pédagogue exceptionnel. Ce film et d'autres documents seront à voir dans le cadre de cette matinée consacrée à Ligeti, présentée par Michel Follin et Karol Beffa, compositeur se consacrant actuellement à l'écriture d'une biographie de Ligeti.

Il n'est pas anormal après tout que des créateurs de musique fassent le pari de parler de l'œuvre des autres, tant la musique est un art de la transmission. Ils le font par l'écrit, ils peuvent également, c'est encore moins fréquent, passer à la réalisation et consacrer à leurs aînés ou contemporains des films documentaires aussi rares par leur sujet que parce qu'ils restent dans la carrière de leurs auteurs des expériences isolées, voire méconnues. Ces films de compositeurs, agrémentés par ailleurs de quelques raretés du documentaire musical, nous sont proposés et présentés par François Porcile, auteur, réalisateur, passionné de musique et grand connaisseur des œuvres du XXe siècle. Il animera dans l'après midi une séance de projection de films musicaux aussi variés dans leur format que différents par leur approche, avec un point commun : il s'agit, dans tous les cas, d'œuvres exceptionnelles et rarement vues.

Enfin, notre journée Sacem ne serait pas complète sans la remise en soirée du Prix Sacem du film documentaire musical de création. Notre lauréat, cette année, est Jérémie Reichenbach, auteur et réalisateur de l'étonnant Teshumara, film consacré aux Tinariwen, musiciens et guerriers du Mali, et plus largement au mouvement culturel touareg. Au moment où le jury des auteurs, réalisateurs et compositeurs de la Sacem se réunissait pour décider de ce palmarès, nous apprenions que Teshumara avait trouvé un distributeur.

Voilà qui nous ramène à la question de la diffusion abordée plus haut, et qui nous permet de conclure – peut-être ? – sur une note optimiste. Qu'une fois encore, un film documentaire développé pour la télévision trouve le chemin des salles n'est pas une réponse en soi aux préoccupations des professionnels. Mais n'est-ce pas, à tout le moins, un signe encourageant ?

Bon festival à toutes et tous.


Gaël Marteau
Division culturelle Sacem


Invités : Remise du Prix Sacem du film documentaire musical de création vendredi 25 août à 21h.
Débat en présence de Michel Follin, Arnaud de Mézamat et François Porcile.